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Quelques réflexions personnelles du chef sur les chorales, les choristes, les chefs, et tout ce petit univers... (réflexions qui n'engagent que leur auteur, et encore...)
Toute ressemblance avec des personnes réelles n'est pas que pure coïncidence, mais si certains (certaines) se reconnaissent, qu'ils ne s'en offusquent pas, c'est écrit pour divertir et non pour blesser.
Assiduité et ponctualité Aaaah !  L'assiduité !
Aaaah ! La ponctualité !

L'époque est au zapping, alors on touche un peu à tout.
En moyenne, pour qu'un chant soit considéré comme su, il faut le travailler sur au moins 3 répétitions. Evidemment, on avance moins vite ! Quand on prend un chant en cours d'apprentissage, impossible pour le chef de savoir qui sait quoi.
Il y a ceux qui viennent aux répétitions, mais ne viendront pas au concert; il y a ceux qui viennent au concert, mais qui ne sont pas venus aux répétitions (et qui évidemmment ne sauront pas que le dernier refrain est chanté plus lentement)

A 20h30, on a environ la moitié des effectifs (certains évitent d'arriver à l'heure pour ne pas avoir les chaises à mettre en place). Les autres arrivent en ordre dispersé, jusqu'à 20h45. On me dit : "tu devrais commencer pile à l'heure, ce serait bien fait pour les retardataires !" Seulement, si je le fais, ils arrivent en pleine mise en voix, au moment où je tente de canaliser l'énergie : - bonjour - bonjour - bisou - comment tu vas ? - tu me fais une petite place ? - non, pas là, c'est réservé pour mes partitions ! - tu as vu à quelle heure tu arrives ?, et patatras, tout est à refaire ... jusqu'au prochain arrivant !
Concert C'est le grand jour pour les choristes (pour le chef aussi) !

Il faut tout préparer : le programme des chants, les textes de présentation, les tenues, les programmes à distribuer, les porte-partitions, les affiches, les annonces dans les médias. Certains sont morts de trac, d'autres sont plus blasés. Est-ce que mon foulard est bien en place ? Une mise en voix furtive, dans la salle où on se change, permet de préparer les voix et les esprits. Une répétition de l'arrivée sur scène a été faite pour éviter le pagaille de la dernière fois (avec un responsable par pupitre, il faut savoir déléguer).
Diapason Instrument magique pour beaucoup de choristes : il permet, à partir d'une petite vibration perçue du chef seul, de distribuer à chacun les notes de départ. Pas intérêt à se tromper, sinon, c'est la cata. Mais c'est plus élégant qu'un harmonica.
Discipline Avec des enfants, si ça chahute en répétition, vous prenez un ton sèvère et vous poussez une bonne beuglante. Si vous faites de même avec des adultes, ils se vexent, et ne reviennent plus. Alors vous imaginez la diplomatie qu'il faut pour expliquer que peut-être... s'ils bavardaient un peu moins fort...éventuellement...sans vouloir être directif...

Il y a d'autres méthodes : vous donnez les notes de départ pour un chant, en sachant pertinemment que les deux au dernier rang des altis, en train de s'échanger des recettes de cuisine, ainsi que tout le pupitre de sopranes, béats devant les singeries que fait un ténor de l'autre côté, n'ont rien entendu. Evidemment, ça rate, et là vous pouvez argumenter preuve à l'appui que l'attention est nécessaire.

Comme disait César Geoffray (le fondateur du mouvement A Coeur Joie, pour ceux qui ne sauraient pas), ce qu'il faut, c'est cette autorité bienveillante et naturelle, qui doit rayonner et s'imposer et entraîner l'adhésion.

De toute façon, une chorale, ça ne peut pas être une démocratie; mais si le chef joue trop le dictateur, il se retrouve tout seul à dictaturer.
Gestique Il ne suffit pas d'être bardé de diplômes en musique pour réussir comme chef de choeur. Il y a la gestique, qui s'apprend au cours de stages de formation. En gros :
  • on commence par vous dire que tous les gestes que vous faisiez jusqu'à présent, c'est nul, que tout est à refaire.
  • on vous apprend les "bons" gestes, les bonnes habitudes.
  • dès que vous avez un peu d'expérience, vous personnalisez les "bons gestes" appris, et en fait vous revenez un peu à ce vous vous pratiquiez avant, mais en toute connaissance de cause.
En fait, le chef a une très grande latitude dans sa gestique; pourvu que çà fonctionne, tout est possible. On peut même diriger avec seulement le regard (si, si, ça marche, j'ai essayé). Les gestes les plus puissants ne sont pas les plus grands, l'énergie peut être concentrée. Plus la communication entre le chef et les choristes est rodée, plus les gestes pourront être petits.

A ce propos, je me demande toujours pourquoi les chefs d'orchestre ont besoin d'une baguette pour diriger, pas les chefs de choeur : on peut faire passer tellement plus de messages par les mains nues !
Homme Espèce rare dans nos chorales ! Allez savoir pourquoi, beaucoup d'hommes dans notre culture considèrent qu'il faut être fervent disciple de Melle Lelombec, ou autres grenouilles de bénitier, pour aller chanter dans une chorale.

Pourtant, dans d'autres cultures, les choeurs de voix d'hommes sont réputés, et envoutent les auditeurs par leurs sonorités à la fois viriles et sauvages : Corse, Pays Basque, Val d'Aoste.

Pour compenser le manque d'hommes dans la chorale, j'ai donc "transformé des femmes en hommes". Pas d'opération chirurgicale ni de lavage de cerveau derrière cette expression, mais des altis se sentant plus à l'aise dans la tessiture de ténor ont intégré le pupitre des ténors. Cela me permet de m'adresser aux pupitres d'hommes en disant : "Mesdames et Messieurs les hommes..."
Mise en voix Certains chefs l'appellent tout court : "la mise en..". On ne conçoit plus aujourd'hui de répétition sans passer pas cette phase préparatoire.

Il s'agit à la fois d'un échauffement musculaire et d'une mise en condition. En début de journée, on peut mettre l'accent sur l'éveil des muscles avec des étirements et des baillements, le soir sur la concentration pour évacuer tout ce qui encombre l'esprit. On explore la tessiture par des vocalises progressives, on met en place la respiration abdominale.

On essaie aussi de briser la routine, qui entraîne lassitude et manque d'intérêt : il faut innover, ajouter une pointe d'inattendu ou d'humour, surprendre par des effets sonores.
Répertoire C'est la pierre angulaire du style d'une chorale. Le chef subit fréquemment des pressions ("tu devrais monter tel chant, il est formidable,..."), mais lui seul doit décider, en fonction du genre, de la hauteur, de la difficulté. De toute façon, on ne plaira jamais à tout le monde ("ce chant-là, il est ringard", ou  "celui-là, il est triste, je ne l'aime pas").

Généralement, les chefs reprennent les chants qu'ils découvrent lors de stages ou de rassemblements. Résultat : on retouve un peu les mêmes chants partout, difficile d'être original.
Retraités Pas la peine de se cacher la réalité, ils constituent les plus gros bataillons dans les chorales. Mais de nos jours, on peut être retraité et avoir toujours une voix jeune, et aussi avoir furieusement l'envie de profiter de la vie. La plupart sont des gens charmants, hyperactifs avec un agenda de ministre. Dès les beaux jours, ils partent en cure, voir leurs enfants à l'autre bout du pays, en trek au Vietnam ou en voyage humanitaire en Mauritanie. Si la chorale a fixé des concerts dans cette période, elle doit affronter une forte concurrence.

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